Il faut toujours aller fouiner dans les marchés aux puces. Parfois, on déniche un trésor. C’est ce qui m’est arrivé ce printemps au détour d’un stand lors d'une brocante en plein air à Neuchâtel. En farfouillant dans un carton plein de vieux trucs, j’en sors… un Rolleiflex !
L'appareil est tout crasseux et poussiéreux. En plus, le dos manque. Je cherche encore dans le carton et je trouve le dos. Le vendeur vient vers moi. On cause. Il me dit qu’il en veut… 10 francs ! Je ne réfléchis pas et je sors un billet. A ce prix-là, au pire, je m’en fais un presse-livre !
Me voici avec un Rolleiflex en morceaux. De retour chez moi, j’examine la bête et estime les dégâts. Bonne nouvelle : la mécanique, armement et déclenchement, semble fonctionner. Et l’optique est saine : pas de rayures (incroyable !) ni champignons dans les lentilles. La chambre est en bon état mais les chromes externes sont par contre piquetés de corrosion et les arrêtes du boîtier ont bien souffert de nombreux chocs. Mais l’ensemble à l’air intact.
Un bricolage des années quarante
Apparemment, il s’agit d’un Rolleiflex Automat modèle K4. Selon le numéro de série, à en croire le site rolleiclub.com, il s’agit d’un modèle produit pendant la seconde guerre mondiale. Mais à l’examen visuel, ça ne colle pas. Selon plusieurs détails, il s’agirait plutôt d’une production ultérieure, de la fin des années quarante. D’après un collectionneur contacté sur le web, il pourrait s’agir d’un modèle monté après-guerre avec des pièces produites pendant le conflit. Bref, il a déjà presque une histoire, ce Rolleiflex.
Je nettoie le tout à l’alcool. Un petit coup de graisse sur les cuirs. Il commence à ressembler à quelque chose. Mais il manque une pièce. Une barrette qui permet de maintenir le dos en place.
Je cherche sur ebay, sans succès. Apparemment, ce type de pièce est rare. Alors, je me souviens d’une bonne adresse: celle de Claudio Fabio à Zurich. Il est expert dans la révision/réparation d’appareils anciens, notamment les Rolleiflex qu’il connaît par cœur. Je le contacte. Très sympathique. Il m’explique qu’il ne vend pas de pièces, mais qu’il fera pour moi une exception. Et la pièce, il l’a. Quelque part. Il faut juste lui laisser le temps de la trouver. Après quelques jours d’attente impatiente, je reçois la pièce avec les vis. Pour une vingtaine de francs ! Le double du prix payé pour l’appareil...
Test sur le terrain
Cette fois, le Rolleiflex est remonté. Et opérationnel. Car si au départ, je voulais juste l’exposer dans le salon, je vais quand même voir ce qu’il vaut.
Hop, un rouleau de Ilford HP5+ chargé et en route pour une ballade photo. Je ne m’encombre pas d’une cellule à main, mais j’utilise plutôt une app sur mon smartphone (Lgtmtr) qui fait posemètre. L'appareil est simple à utiliser, la visée est claire. J'utilise depuis 20 ans un Yashica 12 et je ne suis pas dépaysé.
A peine revenu de balade, je fonce au labo pour développer le film (3minutes 30 dans du LC29). Et le résultat est plutôt bon. L’exposition semble régulière, signe que l’obturateur Compur est encore bien réglé. Les négatifs sont plutôt nets et piqués. Il est donc déclaré « bon pour le service ». Quelques exemples ci-dessous.
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